[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Jacques Attali SECRETAIRE D'ETAT veut bannir la cigarette -un produit qui tue 5 millions de personnes dans le monde chaque année-, en interdisant production, vente et consommation de tabac, une préconisation irréaliste pour buralistes, cigarettiers, et même pour des anti-tabac.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] "Bien pire que le Mediator : le tabac", écrit Jacques Attali dans son blog. L'économiste et écrivain juge en effet "ahurissant" que personne ne se demande "pourquoi on ne traite pas avec la même sévérité (que le Mediator, NDLR) un produit totalement inutile, à la nocivité aujourd?hui avérée, (...) qui fait chaque année 5 millions de morts, soit plus que le sida et le paludisme réunis?" "Il rapporte beaucoup d'argent aux Etats", répond-il dans le même billet, soulignant qu'"en France, il a rapporté en 2009, 10 milliards d'euros de taxe et 3 milliards de TVA".
Les mesures pour en réduire "l'usage dans les lieux publics, la visibilité médiatique (...) ne servent à rien". "Il ne faut plus tergiverser", affirme M. Attali: "Il faut interdire la production, la distribution et la consommation de tabac".
Quelques inconvénientsIl reconnaît que cela "remettrait en cause quelques emplois", que "les Etats perdraient quelques recettes", que cela "encouragerait pour un temps le marché noir" et nécessiterait "quelques dépenses pour désintoxiquer ceux qui le sont". "Mais on gagnerait tant, en qualité et en espérance de vie, que le bilan, même économique, serait évidemment partout positif", écrit-il encore, disant attendre "avec intérêt la réponse des candidats à l'élection présidentielle" sur cette question.
"Si la prohibition marchait, je serais pour", réagit le professeur Bertrand Dautzenberg, pneumologue et président de l'Office français de prévention du tabagisme (0FT). "Je serais plutôt pour un contrôle progressif du tabac", dit-il à l'AFP en citant en exemple "la Finlande qui a voté en octobre dernier la fin du tabac dans 3O ans et a déjà interdit la consommation du tabac aux moins de 18 ans".
Sur le fond pas sur la forme"En France, il n'y a plus de prévention à l'école, faute de moyens", s'insurge-t-il en dénonçant "la main des lobbies". Le pneumologue est en revanche "d'accord" avec l'affirmation de l'économiste que "le tabac est bien pire que le Mediator". Jacques Attali "a raison sur le fond, mais c'est impossible dans la forme", estime Gérard Audreau, président de Droit des non-fumeurs. "Il y a quand même 20% de la population française qui fume et 30% parmi les 15-75 ans et on ne peut pas faire ça du jour au lendemain".
Le patron des buralistes, Pascal Montredon, est "abasourdi qu'un Monsieur de la qualité de M. Attali puisse avoir des propos aussi totalitaires". "Le tout-interdit n'a jamais fonctionné", poursuit-il, citant la prohibition de l'alcool aux Etats-Unis, l'augmentation de la consommation de drogue malgré une interdiction totale. La confédération des buralistes, rappelle-t-il, ne remet pas en cause l'existence d'une politique de santé publique qui vise à limiter la consommation de tabac et informer sur les risques, mais "là, on est en train de tomber dans l'absurde".
Les voitures, la malbouffe..."Et pourquoi pas supprimer le soleil qui provoque chaque jour des cancers de la peau ?", renchérit Yves Trévilly, porte-parole de British American Tobacco France. "Si Jacques Attali veut supprimer les produits qu'il considère avoir un impact négatif sur la société, il peut élargir sa liste", explique M. Trévilly, énumérant "les voitures et les avions qui polluent et tuent chaque jour, tout ce qui a trait à la malbouffe dont le coût pour la société est quatre fois supérieur à celui du tabac" ou encore "l'alcool qui gangrène nos sociétés dès le plus jeune âge".