Une collégienne de 13 ans abusée par deux garçons de 12 ans. Les faits se sont produits dans l'enceinte même du collège-lycée Gambetta, le 13 février, et n'ont été révélés que dix jours plus tard. Le rectorat a diligenté une enquête administrative.
L'affaire est détestable à bien des titres. D'abord parce qu'une adolescente de bientôt 14 ans a été soumise, «sous la contrainte, à pratiquer de véritables actes sexuels» par deux garçons de 12 ans ! Et les faits se sont produits vendredi 13 février, dans l'enceinte même du collège-lycée Gambetta, à Arras, dans une annexe du CDI, censé être surveillé par deux adultes, et dans les toilettes.
Détestable, surtout, parce qu'il aura fallu attendre une dizaine de jours pour que les faits soient révélés. Par une plainte déposée par la maman de la victime. Le chef d'établissement, lui, se serait contenté d'une «enquête interne», foulant ainsi le principe même de la loi qui impose aux chefs d'établissement de signaler immédiatement une telle infraction pénale.
«Si les auteurs avaient été adultes, les faits auraient été qualifiés de viols.»
«Comme n'importe quel corps de métier qui a affaire à des enfants, on doit signaler sans délais toute infraction pénale à la justice», confirme un magistrat arrageois.
Mineurs de moins de 13 ans, les deux auteurs présumés, qui ont reconnu les faits au cours de leur retenue judiciaire (l'équivalent d'une garde à vue pour des enfants), ne peuvent encourir que des sanctions éducatives : placement dans un foyer pénal, suivi psychologique... «Si les auteurs avaient été adultes, les faits auraient été qualifiés de viols», confirme une de nos sources.
«Les agresseurs présumés feront l'objet de mesure disciplinaires dans les meilleurs délais.»
Du côté du rectorat, dont dépend le collège-lycée Gambetta, on confirme «que les agresseurs présumés feront l'objet de mesure disciplinaires dans les meilleurs délais», sans doute dès la rentrée des vacances de février. En outre, précise le recteur dans un communiqué, «toutes les mesures conservatoires ont été prises afin qu'à la rentrée un accompagnement soit mis en place dans l'établissement.»
Face à la «légitime émotion» suscitée par l'affaire, le recteur «tient d'abord à faire part de son total soutien à la jeune fille et à ses parents» et précise «qu'une enquête a été diligentée au plan administratif.» Car c'est encore un des aspects les plus troublants de cette sale histoire. Pourquoi les faits ont-ils été signalés aussi tard, après seulement que la maman ait porté plainte au commissariat de police d'Arras ? Quel genre d'enquête «interne» a bien pu être menée, en toute discrétion, par la direction de l'établissement ? Les policiers auraient sans doute souhaité pouvoir intervenir au plus tôt dans cette affaire et réaliser tous relevés utiles.
Reste la collégienne victime d'abus sexuels par deux garçons de 12 ans. Ses parents n'ont évidemment pas attendu que le rectorat souhaite «que les élèves concernés ne se retrouvent plus dans le même collège», pour décider de changer leur fille d'établissement.
A 13 ans (la jeune fille aura à peine 14 ans en avril prochain), la victime de ces actes odieux, dont les auteurs présumés ne semblent pas mesurer la portée, devrait bénéficier d'une aide psychologique.
Une information judiciaire a été ouverte par le juge des enfants à Arras, qui a mis en examen les deux garçons. Tout le travail de la justice, saisie si tardivement, sera de faire comprendre aux deux adolescents à peine pubères ce qu'ils ont fait subir à une de leur camarade.